Je pensais que je pourrais y arriver mais hier soir ça m'a quand même empêcher de dormir.
Je vous rassure ce n'est de prendre de l'âge qui me perturbe c'est que malheureusement cette période, qui avant été une période agréable pour moi, est maintenant associée à des souvenirs douloureux, des moments qu'aucune maman ne souhaite vivre. D'ailleurs ne vous étonnez pas mais là je pleure en écrivant, il y aura peut-être des taches sur ce billet.
Il y a 5 ans moins quelques jours, mon grand bonhomme avait un peu moins d'un mois et demi et il était hospitalisé dans un état critique. Depuis 3 semaines, son état se dégradait il vomissait dès qu'on le bougeait, il pleurait dès qu'il ne dormait pas (et il dormait beaucoup), il perdait du poids, il n'avait plus de selles, et il ne faisait même plus pipi. Malgré une tentative d'explication par notre pédiatre dès le début des symptômes écartée par une échographie non concluante, nous avons passé 3 semaines d'enfer et d'inquiétudes ou rien ne nous a été épargné. Allaitant mon bébé, on m'a même accusé de maltraitance, jusqu'à ce qu'on refasse cette même échographie et que le diagnostique donné initialement par notre pédiatre soit confirmé : Sténose du pylore.
Je me rappelle encore l'annonce maladroite du pédiatre, ses mots raisonnent dans ma tête comme un poignard dans mon cœur de maman "Ne vous inquiétez pas Madame, avant les enfants en mouraient maintenant on les opère".
Je me rappelle l'infirmière m'arrachant mon bébé des bras pour l'emmener dans une autre salle pour le mettre sous perfusion et lui mettre une sonde dans l'estomac. Je l'entendais hurler dans le couloir derrière la porte sans pourvoir rentrer.
Je me rappelle son petit corps trop maigre attacher sur le brancard trop grand pour le transfert d'hôpital et mon incapacité à le regarder sans éclater en sanglot.
Je me rappelle le trajet en ambulance, assis à côté de lui sans pouvoir parler ni le regarder.
Je me rappelle le petit lit à barreau dans cette petite salle bleue, nos uniformes obligatoires pour pouvoir l'approcher et le toucher sans pouvoir le prendre dans nos bras.
Je me rappelle ces 9 tuyaux qui le raccrochait à la vie en attendant l'opération.
Je me rappelle ce matin du 24 février quand on nous a dit qu'il était suffisamment stable pour qu'on puisse l'opérer.
Je me rappelle cette infirmière qui t'a mise dans mes bras (alors que c'était interdit) parce qu'elle m'a vu pleurer juste avant que tu ne partes pour la salle d'opération parce que justement c'était mon anniversaire. plus de 24h que je n'avais pas eu le droit de te prendre dans mes bras.
Je me rappelle que mon mari m'a emmené au restaurant pendant que tu étais sur la table d'opération.
Je me rappelle ce que j'ai commandé et ce que je n'ai pas mangé.
Je me rappelle l'attente en réanimation pour que tu ouvres un œil, puis 2 avant que tu ne te rendormes mais avec des fils en moins.
Je me rappelles avoir compter les fils qu'on t'enlevaient et ceux qui restaient comme le signe de ton rétablissement.
Je me rappelles avoir compter les heures entre chaque petite gorgée de lait que tu pouvais de nouveau avaler.
Je me rappelle de ton premier sourire quelques jours après ton opération pour me dire que tout allait bien !
Je me rappelle cette première petite selle signe que le transit reprenait normalement.
Je me rappelle ton retour à la maison et la difficulté (la culpabilité) de te remettre au sein.
Je me rappelle la culpabilité de la reprise du travail un mois à peine après ton retour à la maison alors que tu continuais à te réveiller toutes les demi-heure comme à l’hôpital.
Je ne sais pas dire ce qui m'a le plus traumatisée :
- ces 3 semaines d'attentes sans diagnostique où l'on doute et où l'on vous remet en question, où la moindre phrase vous blesse. J'ai d'ailleurs cette remarque de ma belle-mère qui m'a appelé un jour pour me demander si ce n'était pas parce que je serrait trop ses couches qu'il vomissait et qui ce vexait après parce que je ne décrochais plus après quand elle appelait.
- les 2-3 jours entre le diagnostique, l'opération et les premiers signes d'amélioration où l'on s'inquiète des conséquences et de ce qui va suivre.
En attendant, j'apprendre à vivre avec ses souvenirs. J'y repense une fois par an malheureusement pour mon anniversaire.
Nous avons cru revivre l'horreur quand Victor est né et qu'il ne prenait pas de poids. La premier écho précoce (vu nos antécédent) avait montré un pylore hypertrophié mais une fibroscopie a permis de nous rassurer :-)
C'est sûr que ça ne doit pas être simple de fêter ton anniversaire avec tout ces souvenirs douloureux ...
RépondreSupprimerPlein de pensées !
Et très bon anniversaire !
Merci ! J'ai quand même eu de beaux cadeaux réalisés par les enfants aujourd'hui :-)
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